La minute papillon
À la lumière du grand réverbère,
J’écris ces mots sous les crocs de l’hiver.
Le vent fort et froid mordant mon visage,
Je sens et je vois le noir paysage.
Le ponton est haut, la rivière est basse.
Plus qu’un saut et c’est la fin de l’impasse.
Comme un papillon, je déploie mes ailes,
Et je jette un dernier regard au ciel.
Je saute, vole, tombe et tourbillonne.
Le vent joue sur moi et je m’abandonne.
Rien ne sert de lutter contre cette onde.
Je ferme les yeux ; je finis mon saut ;
J’ai bien dû chuté soixante secondes.
Le papillon s’écrase sur les eaux.