Nous étions là

Nous étions là. Ici. À vivre ces instants.
Dans les bars, dans la gare. Sans croire s’émouvoir.
Pensant vivre sans toi, hagard, loin de savoir.
J’ai cru hélas, aussi, te voir pour tout le temps.
Voilà que je te quitte, et que je fais valise.
Est-ce que je mérite, qu’on me psychanalyse ?
Suis-je seule victime ? Le seul pris de hantise ?
Car sans toi je déprime et me sens incomprise.
Je me souviens, tu sais, un souvenir lointain.
J’allais tranquillement mes cheveux sous ton souffle
Sans me soucier du temps, humide et incertain,
Je pleurais dans l’espoir qu’aujourd’hui se camoufle.
Il me tarde d’aller, mais j’ai peur de partir.
Comment sans t’habiter vais-je pouvoir tenir ?
Je ne peux m’habituer à vivre sans ton âme,
Je ne ferais que tuer le temps loin de ton charme.
Par pitié, retiens-moi ! Pourquoi tu m’abandonnes ?
Je suis ton vile enfant, ta fille de la rue
Celle papillonnant tes pavés parcourus
À la recherche d’un toit, qu’aujourd’hui me donne
Une autre ville.
Félix Delattre