24 février 2022
24 février 2022. Un réveil classique, et cette même habitude que tous les matins : ouvrir les réseaux sociaux. Twitter, dans un premier temps, et assez vite, ce tweet, inquiétant, parlant de nouvelles sanctions contre la Russie. Ai-je manqué une étape ? La réponse, des notifications du Monde, de Franceinfo ou de Libé, fut simple : oui, j’ai manqué une étape.
Cette nuit, Poutine a déclaré la guerre à l’Ukraine. (En pratique. En théorie, seulement des actions militaires en Ukraine. Vaste différence.) Une guerre qui planait depuis plusieurs jours, semaines, années même (mais si, souvenez-vous de la Crimée, en 2014), mais qui ne s’était jamais autant concrétisée que cette nuit. Cette nuit, plusieurs villes ukrainiennes ont été bombardées, et parmi elles, la capitale.
Je ne sais pas si je réalise encore… une guerre, en Europe. Pourtant, ce n’est pas nouveau, contrairement à ce que les médias nous disent. Géorgie, Crimée… et c’est sans compter les autres guerres dans le monde, de l’Irak à l’Afghanistan, en comptant la Syrie ou encore le Mali.
Mais cette fois-ci, c’est en Europe. Poutine joue la carte militaire à 2 000 km de nos frontières. En attaquant des alliés politiques de la France. Des alliés politiques des États-Unis. Et surtout, la Russie possède l’arme nucléaire. Donc oui, forcément, cela nous semble plus grave, et les médias en parlent davantage que la situation dans d’autres pays. Avec raison ou non, ce n’est pas à moi de juger.
Il y a d’autres choses à dire, bien d’autres. J’ai peu de choses à dire sur les faits, ils sont présents et ils ne changeront pas. On ne peut pas ré-écrire le passé. On peut préparer le futur, mais les événements d’aujourd’hui seront toujours là. En revanche, aujourd’hui, Poutine attaque l’Ukraine. Il attaque non seulement un pays et des cibles militaires, mais aussi des immeubles, des civils. Et aujourd’hui, des enfants meurent en Ukraine. Pour reprendre des mots de Steven Erikson (auteur de la série Malazan Book of the Fallen, entre autres) (traduits par mes soins, vous m’excuserez) : « Des enfants meurent. C’est un succin résumé de l’humanité. Qui a besoin d’encyclopédies et de livres d’histoire ? Des enfants meurent. Toutes les injustices du monde se cachent dans ces trois mots ». Aujourd’hui, ces mots s’appliquent à l’Ukraine.
La guerre, aujourd’hui, a commencé (ou repris) en Ukraine. L’invasion russe avance, et va continuer à avancer. La question, que nous nous posons tous, est la suivante : où Vladimir Poutine s’arrêtera-t-il ? Aux régions pro-russes de l’est de l’Ukraine, comme il l’a annoncé ? Aux frontières occidentales de l’Ukraine ? Ou plus loin ? Osera-t-il s’attaquer à la puissance de l’OTAN, cette alliance nucléaire, qui peut militairement faire face à la Russie – mais à quel prix ?
Aujourd’hui, nous sommes dans une situation grave. Nous ne savons pas jusqu’où ira la Russie militairement. Mais nous sommes confrontés à cette guerre, dès aujourd’hui. Pas encore en armes, mais face au soft power de la Russie (ici, sa désinformation et ses cyberattaques). Depuis plusieurs années, la Russie mène une guerre hybride, en passant par les réseaux sociaux notamment. Cette partie de la guerre ne s’arrêtera ni aujourd’hui, ni demain. C’est désormais la réalité de la guerre, dans le monde, et la Russie le sait, et est forte à ce jeu. L’arme cyber de la Russie est d’une force incroyable. Et sa propagande est forte (via ses médias, comme RT notamment). La désinformation est une arme que les Russes maîtrisent très bien. Et elle a déjà commencé. Des messages d’appel au soutien des Ukrainiens, invitant à des dons via PayPal – qui n’est pas disponible en Ukraine.
Aujourd’hui plus que jamais, soyez prudents face à la désinformation. Il est possible d’aider l’Ukraine, via des manifestations de soutiens, via des dons financiers, via des projets tels que TechForGood. Mais soyez prudents, et vérifiez les moyens par lesquels vous aidez.