Interview de l’équipe des coachs de la CoMu 2023

Attention : Cet article est susceptible de contenir du spoil sur La CoMu 2023 : « Vol en éclat ». Je vous conseille donc d’aller regarder la captation sur YouTube si ce n’est pas déjà fait avant de poursuivre votre lecture.

Q – Présentez-vous et donnez-nous votre rôle dans lorganisation de la CoMu.

Maëlle – Moi c’est Maëlle, j’étais l’une des deux réalisatrices de la Comédie musicale. J’étais responsable des plannings pour que tout fonctionne bien et j’étais coach chant, donc deux fois par semaine j’aidais les acteurs chanteurs sur leur technique de chant ou sur leurs textes de chanson.

Sophie – Je m’appelle Sophie, j’étais coach théâtre et coach danse. Coach théâtre plutôt pour la mise en scène ou donner des conseils sur le jeu, les déplacements, etc… Et coach danse pour apprendre aux acteurs leur chorégraphie et les conseiller dans l’interprétation.

Isaac – Je suis Isaac, coach théâtre donc j’aidais les acteurs chanteurs à développer leurs compétences dans ce domaine. Et j’ai aussi fait portier occasionnellement : je tenais les portes pendant le filage.

Alexandre – Je m’appelle Alexandre et j’étais coach chant. J’ai aussi participé à l’écriture avec Isaac, Sophie et Gladys.

Gladys – Je suis Gladys et j’étais présidente de la CoMu, réalisatrice avec Maëlle et coach mise en scène avec Sophie. J’ai aussi été un peu chef de cœur avec Maëlle. Et pour mon travail tout a déjà été dit.

Q – Quelle était votre plus grande peur avant le lever de rideau ?

A – Ma plus grande peur était que les micros dysfonctionnent et qu’on n’entende pas les acteurs.

M – L’année dernière j’étais plus stressée pour moi, dans mon rôle d’actrice chanteuse. Alors que cette année, en tant que réalisatrice, j’étais stressée pour tout le projet et pour tous les acteurs. C’est un stress plus global que l’année dernière.

S – J’avais peur que les acteurs chanteurs fassent n’importe quoi sur les chorégraphies. Que devant le public ils perdent leurs moyens.

I – J’avais confiance dans les acteurs chanteurs, mais vu que la représentation était plus tôt dans l’année que l’édition précédente, on avait peur de ne pas être prêts à temps. Vers la fin, on était quand même confiant sur le fait que ça allait bien se passer. Aussi, je savais que l’on n’avait pas atteint un niveau professionnel donc qu’il y aurait des petits incidents techniques. J’avais surtout peur des plus gros incidents techniques.

G – J’avais assez confiance dans les acteurs chanteurs. J’avais juste peur que Maxime casse le décor.

Q – Quel était votre ressenti pendant le spectacle ?

I – Ça a été beaucoup de choses, le stress qu’il y ait un problème, la fierté quand les acteurs chanteurs rentraient dans les coulisses après avoir réussi leur scène, la fatigue car il y avait beaucoup de travail en amont.

A – De la satisfaction de voir le travail accompli et de l’excitation car c’était trop bien.

S – De l’excitation aussi, je n’arrêtais pas de regarder à travers les coulisses pour voir la scène. Le stress aussi car avec le retour son dans les coulisses, on entendait les problèmes de micro. Mais aussi, encore une fois, la fierté quand ils ont fini leur chanson. Et j’avais aussi mon stress personnel car je dansais sur scène.

M – J’étais en régie son et lumière à regarder tout le spectacle et être en communication permanente avec Gladys. C’était beaucoup de concentration et aussi un peu de stress. Quand on a eu les problèmes de micro, j’étais en première ligne avec Anatole. Par exemple, après le problème de micro de Chiara/Diane, il y avait une scène avec Julie/Irène et vu qu’elle ne jouait plus de l’acte I, elles ont échangé leurs micros. En tant que coach chant c’était aussi beaucoup de fierté à la fin des chansons et puis j’avais le privilège de voir le spectacle de face et d’entendre beaucoup plus les réactions du public.

G – Le premier jour beaucoup de concentration et vu que ça s’était bien passé le premier soir, j’ai pu plus profiter en tant que spectatrice le deuxième soir. C’était aussi quelque chose de les voir jouer en vrai. Une chose qui m’a frappée pendant les deux représentations c’était au moment de la chanson « Le vélo rouillé » où ils tournent leur tête d’un coup, littéralement vers moi puisque j’étais dans les coulisses.

Q – Quel était votre ressenti après les représentations ?

I – Cinq minutes après, on était tous très contents de la représentation et on a été très soudés pendant une soirée. Puis après grosse tristesse, grande dépression. Comment on va occuper nos lundis et nos mardis maintenant?

G – J’étais pas mal occupée après, entre le changement de pays, d’école, la CoMu c’était toute ma vie. Je n’ai pas compris tout de suite que c’était vraiment la fin. J’étais plus sous le choc dans les jours qui ont suivi, puis après ça a été une grande tristesse avec la fin de la CoMu et mon départ de Centrale, c’était horrible. Quand j’y repense, c’est beaucoup de nostalgie douce amère, et de fierté, ça a été mon plus gros projet.

M – Je nous ai sentis très soudés comme disait Isaac. J’ai des amis qui sont venus voir le spectacle et qui m’ont félicitée, j’étais heureuse de sentir mon travail récompensé. La soirée après la deuxième représentation, c’était très intense, on a beaucoup pleuré. Les jours d’après, j’étais triste mais il y avait aussi du soulagement car on y avait passé des heures et ça faisait du bien de pouvoir se relâcher et de se consacrer à autre chose.

A – Beaucoup de fierté et de satisfaction. On reçoit les messages de félicitations, c’est incroyable on est très fier de soi.

S – Comme les autres, beaucoup de fierté et du soulagement. Le deuxième soir, le moment où ils sont venus avec les bouquets c’était trop d’émotion, je n’arrivais pas à me contenir et je me suis mise à pleurer. Je me cachais derrière le bouquet. J’avais du mal à réaliser que tout ça était fini et même maintenant, j’ai envie de recommencer même si je sais que ce n’est pas possible. Je suis très nostalgique.

Q – Avez-vous rencontré des problèmes ?

M – Les plus gros problèmes ont été les problèmes de son qui ont un peu gâché le rendu final et ne reflétaient pas la vrai capacité des acteurs chanteurs. C’était un peu embêtant mais on s’en est sorti. Pendant la préparation c’était dur mais on savait que ça allait le faire, on avait confiance. Pendant un après-midi on devait faire un filage avec la batterie mais on nous l’avait piqué pour le Fest Noz, c’était plus des petits problèmes comme ça.

Q – Combien y avait-il de personnes en tout qui ont participé de près ou de loin à la CoMu ?

I – Il me semble que c’était 70 personnes en comptant les acteurs chanteurs, la régie, les coachs, les choristes, les musiciens, le décor, les costumes, etc… On a dû dire à la sécurité du théâtre combien on était et je crois que c’était 70.

Q – Que pensez-vous des personnages ? Avez-vous des favoris ?

A – Mon personnage préféré est Irène, car j’ai un peu supervisé son écriture et sa montée en puissance est faite pour sa chanson finale « Le petit vélo rouillé ».

I – Quand le script était fini, mes personnages préférés étaient globalement les personnages principaux, les escrocs. Mais une fois qu’ils sont joués par les acteurs ça a changé un peu, par exemple pour le personnage d’Etienne : dans le scénario je ne lui trouvais rien de particulier, mais quand il a été joué par Matis, ça a apporté quelque chose et ça a modifié ma perception du personnage. Mais à chaque scène ça changeait, je me disais celui-ci est trop cool, puis la scène d’après c’était un autre etc…

M – C’est un peu différent des autres coachs car je suis la seule qui n’ai pas participé à l’écriture donc j’ai commencé à découvrir les personnages en même temps que les acteurs chanteurs. J’aime bien les femmes badass et stylées, donc Irène direct, et en plus j’adore ses deux chansons « Le petit vélo rouillé » que je ne connaissais pas et « Mes lèvres » qui venait du tréfond de mes souvenirs d’enfance. Mais j’ai aussi un petit faible pour Félix/Marcel car il est un peu fou sur « Le petit vélo rouillé » et ça m’a amusée.

G – Au début, j’avais une préférence pour le personnage de Judith car c’était celui qui était le plus approfondi et développé. Et puis à travers la mise en scène, le personnage d’Irène m’a frappée car je m’en sens proche dans son rapport à la fatalité et je suis sensible aux attentes et aux traumas qu’elle subit, on découvre son imperfection humaine et le sort qui s’acharne un peu sur elle.

S – Lors de l’écriture du script je ne me souviens pas vraiment mais je pense que je rejoins Maëlle. J’aime beaucoup le personnage de Julie/Irène et puis aussi le personnage de Marcel car Félix, avec son jeu, a vraiment réussi à le sublimer.

Q – Comment avez-vous intégré les musiques dans le scénario ? Ont-elles été rajoutées après ou le scénario a été écrit en fonction des musiques ?

A – Le script et le choix des chansons se sont construits en même temps. On a fait un sondage avec des propositions de musique et on a retenu celles qu’on aimait le plus et qui pouvaient s’intégrer dans le scénario. Pour que les chansons aient un sens et soient cohérentes dans l’histoire, il faut que le scénario soit construit en fonction des chansons et les chansons choisies en fonction du scénario.

G – Il y avait deux phases, comme l’a dit Alexandre : il y avait la première phase où l’on a construit le scénario avec les chansons, parfois en modifiant le scénario à cette fin, puis on a rajouté des chansons pour combler certains trous et les adapter au scénario. Cette deuxième partie a été plus compliquée, j’ai dû écouter des chansons pendant des heures pour essayer de trouver celles qui pourraient correspondre. Le but était plus de trouver une musique qui était aussi cohérente que possible, a minima avec l’ambiance puis ensuite réfléchir pour adapter les paroles. Le vrai challenge était de réécrire ces chansons, même si on comprend les principes d’écriture de chansons, c’est un travail que je n’avais jamais fait avant la CoMu.

S – J’ai regardé la liste des chansons et je n’en connaissais pas beaucoup. Il y en a juste une que je voulais absolument garder, c’était « Monsieur/Madame ». Au début, on ne savait pas où la mettre et en plus elle est assez dure à chanter mais j’ai forcé pour la mettre. Et au final, Félix l’a beaucoup travaillée donc ça rendait très bien. La réécriture des paroles a été compliquée, Gladys a dû faire un tableau comparatif des 6 versions de diverses personnes dont une écrite par Félix lui-même.

Q – Comment avez-vous géré la relation entre les personnages ?

I – C’est le plus dur, la relation entre les personnages. Une fois qu’on a posé le scénario, on se rend compte que certains personnages ne sont là que pour une scène. Etoffer les personnages secondaires ou la relation entre les personnages est un travail qui vient après l’histoire. C’est à ce moment qu’on va rajouter des scènes ou en modifier d’autres tout en gardant la trame globale. Le but est aussi d’équilibrer le temps de scène pour chaque acteur chanteur.

A – Ça rejoint aussi ce que disait Gladys pour le travail de rajout de chansons comme les chansons rajoutées entre Julie/Irène et Chiara/Diane, Julie/Irène et Félix/Marcel ou Chiara/Diane et Félix/Marcel. « Voyage en Italie » a été très dure à trouver mais au final elle colle bien avec la scène. Les scènes qui créent de la relation entre les personnages sont très importantes pour moi.

Q – Les personnages sont-ils venus se caler sur l’histoire ou ont-ils été créés en même temps ?

G – Isaac a fait des pitch. Et une fois le pitch sélectionné on a développé l’histoire, les personnages et l’univers. Puis on a décomposé l’histoire en chapitres. Ensuite on a de nouveau développé chaque chapitre et notamment les personnages et leurs relations.

I – Pour certains personnages comme Judith et Armand je les avais déjà développés dans mon esprit mais pas à l’écrit. Donc pour les autres, ils n’étaient pas forcément développés. Et il y a d’autres personnages qu’on a développé plus tard, les apports de chacun ont permis de préciser les personnages.

Q – Comment avez-vous choisi ce thème ?

A – Au début on s’était réuni par groupe de deux et Isaac nous avait donné des idées de pitch très rapides et on devait développer dessus. Puis on a fait une réunion sur tout ce qui a été développé et on a choisi le thème qu’Isaac et Gladys avaient développé.

M – Ça s’est joué à une voix près, celle de Sarah. L’autre proposition était une histoire de fantôme totalement différente et donc à une voix près, l’entièreté de la CoMu de cette année aurait était différente.

G – En tant qu’étudiants avec des goûts un peu artistique, curieusement on a souvent des thèmes communs qui nous font rêver : le steampunk, les hors-la-loi, les trains, etc… Ça doit être culturel. On a un peu les mêmes envies et je pense que le thème escroc et l’ambiance bar nous ont rassemblés.

Q – Puisque vous avez attisé notre curiosité sur cette autre histoire, présentez là nous.

S – C’était mon idée donc je vais la présenter. C’est un groupe d’amis qui se réveille dans une pièce sans savoir comment ils sont arrivés là et sans pouvoir en sortir. Petit à petit, ils vont trouver des objets qui vont leur rappeler des souvenirs et se rendre compte que l’un d’entre eux est un fantôme. Ce fantôme avait décidé de réunir ses amis entre eux pour créer du lien.

Q – Avez-vous eu des inspirations particulières ?

G – Plus que des inspirations, on partait des archétypes de personnages pour essayer de les approfondir. C’était souvent tiré de personnages que je connaissais et que je voulais améliorer ou faire un peu plus à ma sauce. Ça a surtout été le cas pour Judith et Irène.

I – Certaines des idées que j’ai proposées m’ont été inspirées par des chansons ou des séries. Mais l’histoire des trois escrocs c’est plutôt né spontanément car c’est ce que je voulais.

A – Au début, quand on m’a pitché le scénario des trois escrocs j’ai directement pensé à « Le bon, la brute et le truand ». Donc un bar dans le Far West avec des couleurs chaudes comme le jaune, l’orange et le rouge. Un peu ce qu’on a retrouvé au final. Pour Rémi/Armand on pourrait penser à une inspiration de Don Juan.

Q – Avez-vous eu des inspirations particulières pour les personnages ?

I – Pour Rémi/Armand c’était une envie plus personnelle, un mélange de plusieurs traits de caractère. Le côté colérique vient du fait que je m’énerve rarement donc je voulais prendre le contrepied de cet trait de personnalité. Quant au côté charmeur, c’était pour qu’on s’attache au personnage. Mattias/Léon c’était plus l’archétype de la personne qui s’efface un peu, ne s’écoute pas lui-même et se laisse influencer. Pour Marie/Judith je voulais quelqu’un qui n’était pas impacté par le monde qui l’entoure et la morale. Chose étonnante et pratique, c’est qu’on avait tous la même idée sur le caractère de Judith.

A – On est parti de personnages très stéréotypés, un colérique, un malade, un méchant, un égocentrique, un qui se laisse dicter son destin, le random, etc… l’inspiration est plus venue de stéréotypes que de d’autres œuvres.

G – Pour les escrocs, on est parti d’un trio pour lequel on voulait qu’ils aient des personnalités et des talents un peu stéréotypés : Armand le séducteur né dans le milieu, Judith la comédienne tarée capable de se faire passer pour n’importe qui et qui fait ça pour s’amuser, Léon le stratège qui a un but plus sombre. Avoir des stéréotypes aide le spectateur à rapidement cerner les personnages dans un contexte où on n’a pas le temps pour une trop longue exposition. Des fois, on s’est aussi amusé à essayer de déconstruire ces stéréotypes. Le danger était de trop tomber dans le cliché, donc on a essayé d’élever les rôles avec d’autres traits de caractère, comme le goût de l’aventure de Diane, un trait conventionnellement plus masculin, pour qu’elle ne soit pas que le personnage faible et malade à sauver.

S – C’est moi qui voulais qu’au moins un des personnages meure. A la base, je voulais que Félix/Marcel donne un poison à Julie/Irène et que Julie/Irène empoisonne tout le monde pour se venger et que tout le monde meure. Mais les autres ont réfréné mon envie de carnage. Je ne voulais pas qu’il y ait un coupable qui en réchappe.

A – Je pense que le fait qu’au final qu’il n’y ait pas de coupable apporte beaucoup.

G – Je pense qu’on a un lot de personnages assez antihéroïques. Il est facile pour tous de leur vouer haine ou compassion, et on est content de cet aspect de notre CoMu. Par exemple, même si Marie/Judith est le perso le plus cool et drôle, elle a des penchants de psychopathe qui la rendent moins séduisante quand elle se montre insensible à ce que traverse Mattias/Léon.

Q – Et pour les noms de familles dIrène et dArmand ?

A – Alors là il y a un peu de contexte. Ferguson est un escroc qui a fait semblant de vendre Big Ben aux Etats-Unis. C’est le nom d’Armand. Et Spaggiari est un escroc niçois qui a volé une banque à Nice au cours d’un braquage surnommé le casse du siècle.

Q – Que se passe-t-il pour les personnages après les événements de la pièce ?

A – J’apporte une petite précision, si seule Marie/Judith rapporte les événements après la mort de Diane c’est pour laisser au spectateur une fin ouverte et qu’il puisse lui-même imaginer l’avenir des personnages.

I – Il y a eu beaucoup de réflexion pour la fin. On ne voulait pas de fin marquée. J’avais imaginé que Rémi/Armand puisse sortir avec Matis/Etienne, que Mattias/Léon puisse être triste d’avoir perdu sa sœur et que rien ne change pour Marie/Judith. Pour moi la fin de l’histoire advient au bar car ni Rémi/Armand ni Mattias/Léon n’y revient. Ce n’était pas forcément important de savoir ce qu’il se passe après ni ce qu’ils deviennent. Ça ne fait pas partie de ce qui a besoin d’être su.

M – Il y a plein de personnages pour qui je n’ai pas d’idée mais je vois bien Marie/Judith et Félix/Marcel monter des coups ensemble. Je vois bien un regard complice de Marie/Judith quand elle dit « Sers-toi en un aussi Colombo » en mode invitation. Et je ne pense pas que le couple Rémi/Armand et Matis/Etienne va durer, même s’il y aura un peu de romance, au bout de deux mois ils vont en avoir marre l’un de l’autre.

G – Je suis du même avis pour Rémi/Armand et Matis/Etienne. Mais je pense que Mattias/Léon va mal tourner, il a tellement de tristesse et de colère qu’il peut chercher à se venger ou je ne sais quoi.

A – Je vois bien Mattias/Léon s’exiler dans un endroit où il n’y a personne, ou tomber dans la drogue. Pour Rémi/Armand, Matis/Etienne était une porte de sortie de sa famille et de Julie/Irène. Il ne va pas se stabiliser mais il ne continuera pas non plus à être un Don Juan, ça sera un entre-deux. Gabin va rebondir facilement, il est un peu extérieur à tous ça donc certes ça va le marquer, mais il s’en sortira en rentrant dans une banque ou je ne sais quoi. C’est sûrement celui qui a le meilleur futur. Julie/Irène va se faire engueuler par sa famille mais elle va se reconstruire assez rapidement.

I – Mais seule.

S – Non je pense qu’elle va se chercher quelqu’un.

G – Ou alors elle essaie de se sortir de tout ça.

S – Mattias/Léon je le vois bien reprendre ses études de médecine qu’il a dû abandonner faute d’argent. Il veut essayer de devenir médecin pour soigner la maladie qui a été fatale à sa sœur. Et par contre je vois bien le grand amour entre Matis/Etienne et Rémi/Armand.

Q – Quel a été votre planning ?

M – La discussion a commencé au RU en juin mais le gros du travail a commencé début juillet. L’écriture du script et le choix des chansons a été fait en août mais ça s’est prolongé jusqu’à fin novembre. Les castings se sont étalés de la semaine du 19 septembre jusqu’au 29 septembre. On a fait la première rencontre avec les acteurs chanteurs au bar le 3 octobre puis après, toutes les semaines le lundi et le mardi c’était les répétitions. Après Noël, on a même fait des répétitions de musique le samedi et des filages le dimanche. Les autres pôles se sont plutôt formés en octobre et novembre pour la danse et les musiciens. Il y avait aussi un planning précis par séance. Ce qui n’était pas évident avec cette année c’est qu’on avait beaucoup de scènes avec beaucoup de monde donc il fallait que tout le monde ait quelque chose à travailler, mais aussi que tout se soit vu avant la fin. A la fin c’était très intense. 

Q – Comment s’est passer le travail d’adaptation des paroles des chansons ?

G – Je me suis occupée de la réécriture de la quasi-totalité des chansons et ça a été ma plus grande fierté personnelle du projet. Cette année il y a eu deux chansons entièrement réécrites, « Mes lèvres » et « Le gâteau empoisonné », sans compter celles qui ont été lourdement modifiées, comme « Mr/Mme » ou « Mots justes », contre trois chansons non modifiées. Au début, je ne comptais pas m’impliquer dans l’écriture puis finalement j’y ai pris goût, et surtout l’écriture des chansons m’a plu davantage que l’écriture des dialogues. Le but était d’avoir des paroles cohérentes avec l’histoire mais aussi avec l’ambiance musicale générale, et qu’avec la chorégraphie le public puisse être transporté dans une petite histoire à l’intérieur de la grande histoire.

A – Je repassais ensuite derrière vérifier s’il n’y avait pas de problème de rythme, de musicalité etc…

G – Et des fois, on modifiait de nouveau les paroles lorsqu’on modifiait le scénario pour qu’il soit le plus cohérent possible.

Q – Avez-vous eu une expérience dans le chant, théâtre, comédie musicale, danse, écriture, etc… avant la CoMu ?

I – Rien fait du tout. J’ai fait un an de théâtre en CE1 où je jouais un Don Juan avec beaucoup de texte.

A – J’ai fait un peu de conservatoire et un peu de chorale.

G – Un peu comme Alexandre, un peu de conservatoire et j’ai toujours aimé chanter. J’étais aussi attirée par le théâtre mais je n’en avais jamais fait. Faire une comédie musicale a toujours été un rêve pour moi.

M – J’ai fait beaucoup de conservatoire, les années de solfège m’ont aidée à faire une bonne coach chant. Et pour le jeu rien, je ne sais pas comment j’ai réussi à me faire embarquer en tant qu’actrice chanteuse en première année. Surtout qu’à la base la comédie musicale ne m’intéressait pas mais finalement j’ai aimé.

S – J’ai toujours aimé chanter même si j’ai un peu de mal. Et pour le théâtre j’ai toujours voulu en faire, car jouer un personnage me permet de surmonter ma timidité. Et j’ai fait coach danse car j’ai fait treize ans de danse et que j’adore ça.

(ndlr : Tous ont été acteur chanteur l’année dernière : https://www.youtube.com/watch?v=gmSdtRGr0A4 )

Q – Comment se passent les castings ? Avez-vous des conseils à donner aux générations futures ?

M – Cette année ça s’est bien passé, il y a eu du stress car on était un jury nombreux. Conseil pour les candidats : prendre des chansons faciles à chanter car avec le stress ça peut rapidement devenir difficile. Et surtout prendre des chansons qui montrent de quoi on est capable, ne pas faire comme Félix/Marcel et prendre deux morceau de rap qui ne montrent pas les capacités de chant alors qu’il a été un très bon chanteur.

G – Surtout il faut oser se lancer car on n’est pas là pour juger. Même si on se dit que la scène ce n’est pas pour nous du moment que vous avez envie de le faire lancez-vous. Tentez, il n’y a rien à perdre. Par exemple Chiara/Diane on l’a un peu forcée à venir.

A – Ce n’est pas parce que vous n’aimez pas le théâtre ou le chant que vous ne pouvez pas adorer votre expérience de la CoMu. 

Q – Les rôles étaient-il genrés dès le début de l’écriture ? Où ont-ils été genrés une fois les acteurs retenus au casting ?

M – Certains rôles étaient déjà genrés ou avec une très grosse préférence, comme avec Marie/Judith et Julie/Irène. Après on voulait que Rémi/Armand ait une relation hétérosexuelle et homosexuelle donc ça à imposé le genre du rôle de Matis/Etienne. Mais à part pour Marie/Judith, il y avait quand même une partie des rôles qui n’ont été genrés qu’une fois la sélection des acteurs chanteurs retenue.

G – Pour certains personnages comme Rémi/Armand on s’était tellement projeté que même si le rôle n’était pas officiellement masculin on aurait eu du mal à le voir joué par une femme. Et certains rôles auraient pu être de n’importe quel genre comme celui de Félix/Marcel.

Q – Comment avez-vous sélectionné ceux qui ont participé à la CoMu ? Aussi bien les acteurs chanteurs, que les choristes, etc…

M – Pour les acteurs chanteurs, on n’avait pas tant de candidats mais ça c’est surtout fait selon notre ressenti mais aussi à leur disponibilité et leur motivation. Par contre pour les autres pôles on a délégué aux responsables qui ont fait selon leur envie et leur méthode.

G – Je pense qu’on est à une bonne échelle, le nombre de personnes motivées correspond au nombre de personnes dont on a besoin. Donc à pas grand chose, dès que vous avez envie de venir vous êtes presque sûr de venir.

Q – Avez-vous adapté les rôles à vos acteurs ?

G – Il y a eu des acteurs chanteurs qui ont voulu modifier les textes pour que ce soit plus naturel pour eux à prononcer. Tant que ça ne change pas le sens c’était accepté. Le seul point d’interrogation a été de jouer un personnage aussi autoritaire et colérique que Julie/Irène.

M – La CoMu reste du théâtre, donc il est normal de jouer un personnage qui ne ressemble pas à l’acteur. C’est aussi ça le but de l’exercice.

Q – Combien avez-vous fait d’entrées ?

M – Cette année on a fait 475 entrées alors que l’année dernière c’était 334.

A – C’est aussi dû à la date, car l’année dernière c’était pendant les partiels.

G – Aussi l’année dernière c’était la CoMu confinement donc ce n’est pas possible d’avoir plus. Et cette année dans la CoMu on avait des cercles plus divers donc plus de personnes venaient quand l’un de leurs amis était impliqué.

S – Et puis il y avait aussi beaucoup de familles. 

M – En tant que membre du BDS j’ai envoyé un message sur mon groupe pour les inviter à venir alors que ce n’est pas le public cible. Mais j’ai des amis BDS qui sont venus me voir après le spectacle pour me dire qu’ils ont regretté de ne pas être venu l’année dernière et ça fait hyper plaisir.

G – Beaucoup de personnes viennent sans s’attendre à rien donc quand ils sortent, ils sont très contents. Et en tant qu’étudiant de Centrale, c’est l’un des événements qui met le plus d’accord.

Q – Avez-vous des anecdotes marrantes à nous raconter ?

A – Il faut savoir qu’Isaac est un monstre de mémoire. Un jour où l’on savait que Félix/Marcel n’allait pas être là, il a réussi à apprendre tout son texte en deux jour.

I – Les noms de famille et le pseudo de Marcel ont été trouvés le jour de la première lecture de la pièce avec les acteurs et les pôles décors et costumes. Pour Colombo, on commençait à sortir des noms nuls jusqu’à ce que je dise qu’on pouvait l’appeler Phil Colombo car un Colombophile est un collectionneur de pigeons. On a trouvé ce nom-là juste cinq minutes avant de commencer.

M – Je ne sais pas si vous vous souvenez de la réplique de Maxime/Gabin qui dit que les portes sont solides car il s’en est pris une en allant aux toilettes. Et bien un jour de filage je m’en suis prise une.

G – Dans le texte, volontairement ou non on a des références aux anciennes CoMus. La réplique « Mais c’est qui lui ? » de Rémi/Armand qui fait référence à Sélène et Lysandre l’année dernière. Une réplique de Chiara/Diane qui est empruntée à « Infernale » et la chanson « Envole-moi ». Il ne manque plus que « Ce sont des hommes ».

I – Et aussi en tant que coach théâtre on a beaucoup rigolé.

Q – Quand les acteurs chanteurs ont essayé de deviner leur rôle, avez-vous eu des surprises ?

M – La plupart se sont trompés, mais vu que la révélation n’était que le lendemain, on a évité de montrer trop nos émotions et nos pensées. Mais ce n’est pas étonnant qu’ils se soient trompés, c’est un exercice assez difficile et l’année dernière on s’était aussi trompés.

G – Un truc qui m’a fait un peu sourire. Quand j’avais parlé des personnages avant la première lecture, Matis m’avait dit qu’il pensait être Gabin pour cet aspect un peu joueur.

S – Et Gladys a hésité à changer les rôles de Maxime/Gabin et Matis/Etienne, car le premier voulait jouer un amoureux alors que le second voulait avoir un personnage amusant. Mais ça n’a pas abouti car après les auditions tous les coachs étaient d’accord sur l’attribution des personnages.

A – Quand on leur a fait la présentation ils n’avaient eu qu’une réplique. Ce n’est qu’après qu’ils ont pu lire le script et je crois que leurs personnages leur convenait. Ils en étaient contents. 

Q – Combien de nuits blanches et de litres de café à travailler sur la CoMu ?

M – Je ne bois pas de café et je dors beaucoup donc zéro et zéro. Mais beaucoup d’heures de cours que je n’ai pas écoutées.

G – Je ne bois pas de café non plus mais j’ai parfois passé des heures de sommeil à travailler. Le plus dur a été le stress au début de l’année quand je buchais encore sur la fin du script. Et je n’ai rien écouté en cours de l’année.

A – Des heures de cours ont été perdues à travailler sur le script. Enfin autant que des heures de cours peuvent l’être.

M – Vu que je suis en cours avec Gladys et que j’écoute un peu plus qu’elle, on s’est retrouvées un jour non pas pour taffer la CoMu mais pour que je lui explique les cours et elle a valider ses partiels grâce à ça. Donc quand je ne taffais pas la CoMu en cours, j’écoutais pour elle.

S – Pas de café, pas de nuit blanche non plus mais beaucoup d’heures de sieste qui ont sauté.

Q – Les autres membres de la CoMu vous considèrent-il comme des tyrans ?

I – Il y en a peut être qui se sont dit que ça les faisait chier de venir le week-end. Et l’organisation ne se passait pas toujours comme prévu, donc notamment sur les gros filages certains se sont retrouvés à ne rien faire pendant plusieurs heures. 

S – Globalement ils savaient dans quoi ils s’engageaient donc ça allait.

A – Au début Isaac essayait de jouer le mec hyper strict mais ça n’a pas duré très longtemps. Un peu sec, limite insupportable.

I – C’est bien, on en apprend tous les jours.

Q – Qui a gagné le pari entre les escrocs en début de pièce ?

M – Ils ont tous gagner la même chose car il est dit dans la pièce que la somme totale est de 300 000 francs. Donc ils ont chacun gagné 100 000 francs.

A – Donc pas de gagnant.

I – Tous perdants plutôt.

Q – On vous laisse le mot de la fin.

I – Pastèque.

A – Au début on voulait mettre un lustre pour le bal mais trop de contraintes.

G – Parfois je cite la CoMu mais personne ne me comprend.

A – En vrai, la CoMu est une expérience incroyable qui a rythmé mes deux années à Centrale.

I – Meilleure expérience depuis le début de ma vie.

G – Pareil.

S -Idem.

A – Faire la CoMu en tant qu’acteur chanteur et participer à sa création c’est deux choses totalement différentes mais toutes les deux incroyables.

M – C’est un boulot très différent mais très gratifiant aussi. Et je suis d’accord que la CoMu fait partie des meilleures expériences de ma vie car pendant mon stage ouvrier où je me faisais chier je cherchais des formations pour faire de la comédie musicale plus tard. C’est plus rigolo de faire ça que d’être ingénieur.

G – Pareil pour moi, le côté création est l’occasion de rencontrer plein de gens incroyables. Être réunis autour de ce projet était incroyable et une occasion de voir souvent des gens que j’appréciais.

A – Message pour les EI1, EI2 et EI3 de l’année prochaine n’hésitez pas.

S – La CoMu c’est génial.

Scherbius

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